Sans les scores du LA Times, que peut faire un juif orthodoxe ?

Un joueur des Los Angeles Rams brandit la section sportive Extra du Los Angeles Times après le Super Bowl en 2022. Photo de Cooper Neill/Getty Images

Par Louis Keene 10 juillet 2023

Lorsque les Lakers disputaient un match éliminatoire le vendredi soir, Daniel Rabin s'endormait avec le suspense. En tant que juif orthodoxe observant le sabbat, il ne pouvait pas regarder le match ni le suivre en ligne. Il lui faudrait attendre le Los Angeles Times du lendemain matin pour savoir ce qui s'était passé.

Tôt samedi – que les Lakers aient joué ou non un match la veille – Rabin lisait des histoires de match autour d'un bol de céréales Life, se penchant sur les scores et les classements. Ensuite, il plaisantait avec son père sur les résultats sur le chemin des services.

De nombreux foyers orthodoxes suivaient la même tradition.

« Cela faisait partie de mon rituel de Shabbat », a déclaré Rabin, 34 ans. « Le vendredi soir, en pensant au match, allaient-ils être en haut ou en bas de la série ? – et puis pouvoir aimer, savourer cela samedi matin.

Mais les changements majeurs apportés à la section sportive annoncés dimanche par le Times signifient que cela ne sera plus possible. En raison de récents licenciements et d'un changement imminent dans le processus d'impression du journal, la section sportive a cessé de rendre compte des matchs organisés la veille. La nouvelle section aspire à « l’apparence et la convivialité d’un magazine sportif quotidien », selon un communiqué de presse du Times – et les récapitulatifs des matchs, les scores des box et les classements n’en font plus partie.

Le changement a écrasé les fans de sport de toute la région métropolitaine de Los Angeles, en particulier les abonnés de la presse écrite observant le sabbat pour qui la section sportive du samedi était une joie de la vie juive. Et cela a réouvert une question que les lecteurs de l'Orthodox Times avaient résolue depuis longtemps : et si vous ne pouvez tout simplement pas attendre 25 heures pour savoir qui a gagné ?

Pour Ari Cohen, qui, comme Rabin, a grandi dans le quartier orthodoxe moderne de Pico-Robertson, le temps entre la conclusion réelle d'un grand match et le moment où il consultait la section sportive samedi matin était un moment d'ultime possibilité qu'il comparait au chat de Schrödinger.

"C'était comme les anciennes nouvelles, où elles n'existent pas tant que vous n'avez pas reçu ce journal", a déclaré Cohen.

Le samedi sportif était une telle institution dans la maison Cohen que lorsque Ari était au camp de vacances, ses parents lui envoyaient par courrier les scores du journal afin qu'il puisse rester au top de ses équipes.

Cohen, 40 ans, travaille désormais dans le sport pour la jeunesse juive et considère ses lectures du Shabbat matin comme formatrices. Il a lu la section d'un bout à l'autre, même les chroniques d'écrivains qu'il n'aimait pas et les histoires sur les sports qu'il ne suivait pas.

"Les scores des boîtes font partie de ces choses que vous pouvez lire une fois, puis relire et remarquer plus de choses", a-t-il déclaré. "Au fur et à mesure que la journée avance, vous pourrez continuer à aller de plus en plus loin."

Le LA Times n’est pas le seul journal à avoir modifié son approche de la couverture sportive. Les journaux à travers les États-Unis ont été durement touchés par le basculement des lecteurs vers le contenu en ligne. Leurs téléphones fournissent un flux constant de moments forts vidéo et de scores à la minute près. Le New York Times, qui a retiré sa page de résultats l'année dernière, a annoncé lundi la dissolution de son département des sports en intégrant The Athletic, un site Web sportif acquis en 2022, dans le reste de la publication.

Selon Iliana Limón Romero, rédactrice en chef des sports du LA Times, les licenciements ont touché trois des quatre membres du personnel qui ont produit les scores de la section, et lorsque le journal déménagera dans une autre presse à imprimer l'année prochaine, la section devra être composée. à 19 heures, alors que la plupart des matchs de la côte Ouest ne font que commencer – au moins quatre heures plus tôt que la date limite actuelle.

Le changement de date limite aurait fini par tuer les scores du Times, a-t-elle déclaré, mais les changements de personnel ont accéléré sa disparition.

Même si de nombreux journaux ont baissé leurs notes ces dernières années, « le fait que nous continuions à les publier était une fierté », a déclaré Limón Romero. "Mais il s'agissait de consacrer des ressources à cela ou de consacrer des ressources à nos journalistes pour qu'ils soient en mesure de réaliser des reportages originaux."